Une histoire de Rois et d’Encens !

À l’approche de Noël, le temps est sans doute venu de s’intéresser à l’une des matières les plus emblématiques de cette fête et qui est la pierre d’angle de notre dernière création : l’encens. Denrée rare, mythique, trop souvent incomprise et méconnue, l’encens est pourtant l’origine même du parfum. C’est cette histoire que nous allons raconter aujourd’hui, afin de revenir aux origines du présent des Rois Mages, à l’occasion de la naissance du « Petit Jésus ».

Encens. Le mot lui-même est riche de sens. Du latin incandere – qui donna, entre autres, le mot chandelle -encens désignait d’abord toute résine ou matière végétale propre à la combustion, au rang desquelles celle que l’on appelle exclusivement ainsi et que l’on connaît aussi sous le nom d’oliban. Celui-ci nous en renseigne sur l’origine : oliban venant du trilitère lbn qui, en langues sémitiques, donnera tout un bouquet de termes liés à la blancheur et à l’écoulement. C’est de ce même trilitère en effet que le Liban tient son nom, ainsi que le laban, ou le lait.

C’est parce que l’oliban est la sève de l’arbre Boswellia Sacra, arbre mythique – les Grecs croyaient qu’il était la réincarnation de la princesse Leucothoé – réputé pour sa propension naturelle à pousser dans des milieux hostiles tels que les hauts plateaux du Dhofar omanais dont il est originaire. Après avoir entaillé l’arbre, le cueilleur y viendra récolter des gouttes de résine lactescentes solidifiées par la chaleur torride de ses latitudes endémiques. Ce sont ces fameuses « larmes » qui feront, durant des siècles, la prospérité des royaumes dhofaris et himyarites, qui propulseront la création d’une Route de l’Encens traversant les dunes de l’Arabie et qui, selon certains historiens, donneront prétexte à l’expansion orientale de l’Empire Romain qui en faisait un usage dispendieux.

Aussi loin que remonte l’Histoire, l’oliban a toujours existé. Quoique la première référence textuelle le mentionnant date du Papyrus d’Ebers au XVIe siècle av. J.C., certaines tablettes sumériennes en suggèrent un usage bien antérieur, attestant de la fascination que cette résine au parfum mémorable de conifère, de menthe et de citron a exercé sur l’Humanité.

Il est intéressant de remarquer que l’oliban était aussi bien utilisé pour son odeur que pour ses vertus thérapeutiques, le Papyrus d’Ebers n’étant rien moins qu’un traité de pharmacopée de l’Egypte Antique. Cet usage médicinal continue d’être observé de nos jours. Il est traditionnel en Oman d’infuser de l’eau avec des larmes d’oliban, d’en brûler sur des braises pour purifier ses voies respiratoires ou encore de le manger tel quel afin de calmer certains maux de bouche ou de viscères.

Mais alors, qu’est venue faire cette résine dans les mains des Rois Mages ? Que signifiait-elle, aux côtés de la myrrhe et de l’or ? Sa présence était-elle due à ses propriétés olfactives ou n’était-il qu’un prophylactique destiné à une mère ayant tout juste enfanté ?

Il faut avant tout bien comprendre la valeur revêtue par cette résine pour nos Anciens. De tous les encens, l’oliban était considéré comme le meilleur. Son nom anglais « frankincense » hérité du français « franc-encens » - c’est-à-dire l’encens véritable – en témoigne éloquemment. Néanmoins, sa présence à l’Adoration des Rois Mages tenait moins à sa valeur financière, plus haute que l’or, qu’à sa valeur symbolique.

Les Egyptiens considéraient les plantes et leurs parfums comme étant des exsudations divines et l’oliban comme étant les larmes du dieu Râ. Cette conception, d’une sève comme manifestation sensible d’une divinité invisible, est cruciale dans la compréhension de sa place dans les religions judéo-chrétiennes et dans l’histoire, plus large, de la parfumerie. Ainsi que nous le disions, le mot parfum est intimement lié à l’encens puisqu’il vient du latin perfumum signifiant par/à travers la fumée. Le parfum, à fortiori celui de l’oliban, permet donc, en la rendant sensible, de faire l’expérience de la divinité, fût-elle celle de Râ, de Yahvé ou de la Trinité..

Ainsi, en l’offrant au « Petit Jésus », les Rois Mages entendaient symboliquement reconnaître sa nature de fils de Dieu, l’or figurant sa royauté – en tant qu’héritier du roi David – et la myrrhe préfigurant sa Passion, pour ce qu’elle était traditionnellement utilisée dans les rites d’embaumement.

C’est bien cet épisode, apparemment anecdotique, qui changera le cours de l’histoire de la parfumerie. En ancrant l’encens et son parfum dans la divinité du Christ, l’Eglise les réserva à un usage strictement liturgique et sacré et l’art du parfum, à savoir celui de mélanger l’odeur de plusieurs plantes entre elles, deviendra l’apanage exclusif des moines, gardiens d’une pharmacopée ancestrale et divinement inspirée et dont la Chartreuse, élixir élaboré par les religieux du monastère éponyme, est un reliquat.

Notre Encens Roi s’inspire donc de cette histoire plurimillénaire. Mêlant à la fois des notes suaves d’Oud et de Safran évoquant les rituels arabes de fumigation d’oliban, avec celles plus froides de l’Encens Résinoïde et de la Camomille rappelant l’encens des cathédrales, Encens Roi est la quintessence de cette odeur ayant captivé l’Humanité depuis son premier éveil…

Réveillez le Mage ancien qui sommeille en vous et faites-vous le cadeau de la Divinité en vous offrant Encens Roi, notre dernière création. Un Encens quintessentiel, suave et fumé, débordant d’une sensualité ourlée de Cacao Blanc addictif et lacté et d’un sillage éternel – à l’image de la résine originelle.