1er Juillet 1751 : Publication des premiers tomes de l’encyclopédie

Un nouvel esprit

La genèse de l’encyclopédie trouve ses racines dans le renouvellement intellectuel initié par la Renaissance en Europe au XVe siècle. Petit à petit les intellectuels veulent replacer l’homme au centre de la connaissance et s’affranchir de la tutelle de l’église chrétienne. Esprit de critique, esprit de synthèse, esprit philosophique… En finir avec l’obscurantisme et mettre la réflexion basée sur l’expérience au centre de la société : le siècle des lumières est en marche.

Une traduction qui dérape…

Le projet initial de l’encyclopédie est la traduction en français du livre anglais d’Ephraïm Chambers, Cyclopaedia(un dictionnaire universel des arts et des sciences) par l’éditeur parisien André Le Breton en 1745.

Mais après quelques divergences avec les traducteurs Le Breton décide en 1747 de confier le projet à Diderot et d’Alembert, deux intellectuels qui vont s’écarter de la traduction pure du livre pour créer un tout nouvel ouvrage qui devra apporter à tous, l’ensemble des connaissances de l’humanité.

Un travail titanesque

Afin de mener à bien le projet, les deux hommes vont s’entourer de gens de lettres et de scientifiques. Plus de 150 auteurs participent à la rédaction de l’encyclopédie, un cercle dans lequel l’excellence côtoie la médiocrité comme le fit remarquer Diderot : « Parmi quelques hommes excellents, il y en eut de faibles, de médiocres et de tout à fait mauvais. De là cette bigarrure dans l’ouvrage où l’on trouve une ébauche d’écolier, à côté d’un morceau de maître. »

La rédaction de l’encyclopédie s’étale sur plus de 20 ans, le premier tome est publié le 1^erjuillet 1751 et le dernier en 1772. Elle compte en tout 17 volumes de textes et 11 volumes de planches (recueil de dessins explicatifs). L’ensemble des volumes rassemble plus de 71 000 articles. L’ouvrage n’est pas strictement français, puisque de nombreux intellectuels de toutes l’Europe ont participé à sa rédaction. Et c’est d’ailleurs cette contribution qui a permis de tisser un premier réseau scientifique européen.

La préface du premier tome résume le but de ce projet :

« Le but d'une Encyclopédie est de rassembler les connaissances éparses sur la surface de la terre, d'en exposer le système général aux hommes avec qui nous vivons et de le transmettre aux hommes qui viendront après nous ; afin que les travaux des siècles passés n'aient pas été des travaux inutiles pour les siècles qui succéderont, que nos neveux, devenant plus instruits, deviennent en même temps plus vertueux et plus heureux, et que nous ne mourions pas sans avoir bien mérité du genre humain. »

Un témoignage de l’époque

La parution de l’encyclopédie a rencontré de nombreux problèmes déclenchés par les autorités ecclésiastiques. La première interdiction de publication à la demande des autorités religieuses survient en 1752 à peine un an après la sortie du premier volume.

Mais grâce à des soutiens haut placés dans l’administration royale, la publication reprend dès l’année suivante. Une nouvelle période de censure intervient en mars 1759 lorsque le pape Clément XIII met le livre à l’index et menace d’excommunication tous les possesseurs de l’encyclopédie. Une fois de plus, c’est grâce à l’appui de protecteurs influents que la publication peut reprendre dès septembre 1759.

Si l’encyclopédie a assurément marqué son temps est aussi a un formidable témoignage de l’époque, de l’état de la science, des rapports sociaux, de la médecine, etc.

Ainsi pour le mot parfum on trouve la définition suivante :

PARFUM, s. m. (Composition de parfums.) la plupart des parfums se font avec le musc, l’ambre gris, la civette, le bois de rose & de cèdre, l’iris, la fleur d’orange, la rose, le jasmin, la jonquille, la tubéreuse, & autres fleurs odorantes. On y fait encore entrer le storax, l’encens, le benjoin, le girofle, le macis, & autres semblables drogues, que l’on nomme communément des aromates. On compose aussi des sachets parfumés avec des herbes aromatiques, telles que peuvent être la lavande, la marjolaine, la sauge, le thim, la sarriette, l’hyssope, &c.

Autrefois les parfums où entraient le musc, l’ambre gris, & la civette, étaient recherchés en France, mais ils sont tombés de mode, depuis que nos nerfs sont devenus plus délicats. Parfum se prend souvent pour les corps mêmes d’où s’exhalent les parfums ; en ce sens, les meilleurs parfums se tirent d’orient, & des pays chauds.