7 août 1876 : Mata Hari
C’est aux Pays-Bas que naît Margaretha Geertruida Zelle. Elle tirera son nom de danseuse mais aussi de courtisane de son voyage à Java, « Mata Hari », ce qui signifie oeil du jour en malais. Jolie trouvaille pour cette fameuse espionne, dont la beauté captivante et le goût de l’aventure fabriquèrent un destin hors du commun.
Un père comme modèle
Le 7 août 1876, dans la ville de Leeuwarden aux Pays Bas naît la petite Margaretha Geertruida Zelle. Ainée d’une fratrie de quatre enfants, elle est la préférée de son père qui la couvre de cadeaux et la traite comme une princesse. Pour son 6eanniversaire, ce n’est que par manque de moyens qu’il renonce à lui offrir un carrosse. Adam Zelle, le père de Margaretha, est un chapelier modeste dont les affaires marchent moyennement. Mythomane compulsif, il se fait passer pour un baron et raconte mille et une histoires fantastiques à sa fille. Ce talent d’orateur et de conteur ainsi que le goût du luxe et des belles choses, il le transmet à sa fille qui s’en servira toute sa vie.
Un mariage malheureux comme point de départ de la légende
Adam Zelle fait faillite alors Margarethan’a que 13 ans, puis il disparaît. La jeune fille est placée en pension, c’est là qu’elle commence à s’inventer un passé glorieux. A 18 ans, en 1895, elle se marie à Rudolf MacLeod, officier de la marine néerlandaise. Elle le suivra lorsqu’il sera affecté à Malang dans l’est de l’île de Java. Elle s’habille à la mode javanaise, se familiarise à la langue et s’initie aux danses locales.
Mais le couple ne s’entend pas et la situation se détériore rapidement. Le drame qui marquera la rupture, c’est l’empoisonnement de leurs deux enfants durant un séjour à Java. Seule la cadette survivra.
En 1902, de retour à La Haye le couple divorce. Le père ayant soustrait leur fille à la garde de sa mère, Margaretha se retrouve seule. Lorsqu’elle rejoint Paris en 1903, elle a alors 27 ans.
L’Orientalisme mystérieux, la naissance d’une star internationale
Margaretha, avec son teint basané et sa chevelure brune, n’a rien des néerlandaises blondes au teint clair de son temps. Tous les doutes sur ses origines sont permis et elle saura en tirer parti. Celle qui se fait appeler « Lady McLeod » dans le Paris de la Belle Epoque, subvient à ses besoins en vivant au crochet des hommes. Son statut est à mi chemin entre celui de la courtisane etde la prostituée.
Sa vie prend un tournant décisif en 1905, lorsqu’elle elle rencontre Henri Guimet, un parisien fortuné, grand collectionneur d’objets orientaux. Convaincu de ses origines javanaises il lui ouvre les portes de la bibliothèque de son musée pour lui permettre d’y proposer une prestation de danseuse orientale. Pour parfaire l’image, elle s’exécutera sous le nom de Mata Hari, « œil du jour » en Malais.
Elle se produit pour la première fois le 13 mars 1905. Pour l’occasion les lieux ont été transformés en un véritable temple hindou et devant la haute société parisienne Mata Hari fait sensation. Son numéro d’effeuillage, unique pour l’époque, est un triomphe. Dès lors, tout le monde veut voir Mata Hari, aussi bien à Paris qu’à l’étranger. La légende est née.
Une chute toute aussi rapide
Si Mata Hari connait un succès foudroyant en 1905, dès 1910 elle n’intéresse plus personne. Le Paris de la Belle Epoque aime la nouveauté et se lasse rapidement. Bien d’autres danseuses se sont fait remarquer allant jusqu’à l’effeuillage intégral. L’orientalisme est passé de mode pour laisser place aux balais russes. Mata Hari tente d’intégrer le mouvement et de se faire engager mais sans succès. Contrainte, elle retourne à sa vie de courtisane et se produit dans des salles secondaires.
Une espionne dépassée par les évènements.
Ruinée, en 1915 Mata Hari rentre en Hollande. Elle y rencontre le consul allemand Carl Cramer qui lui propose 20 000 francs, de quoi effacer toutes ses dettes, contre des informations qu’elle pourrait collecter auprès de ses connaissances à Paris.
« H-21 » est le terme qu’utiliseront les allemands pour la désigner en tant qu’espion.
De retour à Paris, le capitaine du contre-espionnage français George Ladoux lui propose d’espionner pour la France. Bien qu’engagée auprès des allemands, elle accepte.
En 1917 les français interceptent un message d’Allemagne faisant référence à l’agent H-21et parviennent à faire le lien avec Mata Hari. On l’accuse alors d’être un agent double.
Malgré le manque de preuves, le contexte politique très tendu de 1917 conditionne un procès pour espionnage expéditif qui conduira à un verdict sans appel : la condamnation à mort de Mata Hari.
Mata Hari incarne une des premières femmes moderne. Grande séductrice, oratrice talentueuse et conteuse de génie, elle a toujours su subvenir à ses besoins. Cette indépendance n’est pas étrangère à sa condamnation à mort : le monde de la Première Guerre mondiale n’est plus celui de la Belle Epoque et on assiste à une régression des mentalités : une femme forte et indépendante engendre forcément la suspicion…
Ses derniers instants auront été à l’image de sa vie. Alors qu’elle fait face au peloton d’exécution, soigneusement maquillée et dans ses plus beaux habits, elle aurait déclaré dans un trait d’ironie : « Quelle étrange coutume des Français que d'exécuter les gens à l'aube ! »
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